Du 9 au 16 novembre, le 33e D’Jazz Nevers Festival braquera les lumières de La Maison et du Théâtre municipal sur une musique vivante, ouverte à tous les vents de l’inspiration. La programmation balance en rythme entre hommages aux mythes (Armstrong, Parker, Piazzola, etc.) et mise à l’honneur de leurs ardents successeurs. Une fois n’est pas coutume, les femmes seront plus nombreuses et en première ligne.
Portrait de Ludmilla en Nina Simone, spectacle entre théâtre et jazz, sera sans doute l’un des grands chocs de cette 33e édition.
Un Poco Loco rendra hommage à Charlie « Bird » Parker avec Ornithologie.
Sa trentaine fringante et ses 9 000 à 10 000 spectateurs annuels ne changent rien à l’affaire : au D’Jazz Nevers Festival comme ailleurs, le jazz reste encombré de ses habituels clichés – élitiste, hermétique, assommant. Il en faut plus pour démoraliser Roger Fontanel, infatigable directeur du festival qui vivra, du 9 au 16 novembre, sa 33e édition. De même que, d’après Camus, « il faut imaginer Sisyphe heureux », de même le père fondateur du D’Jazz Nevers Festival repart à l’assaut des clichés, chaque année, avec la passion du défricheur et la foi du transmetteur.
« Le terme jazz est un frein, il provoque une incompréhension », regrette Roger Fontanel, qui s’accroche à son rêve de desceller les oreilles insensibles à une musique en réinvention permanente : « Le meilleur moyen de former un public, c’est de l’emmener dans une salle de concert. Il n’y a rien de mieux que d’être confronté à des musiciens sur scène. Et les musiciens d’aujourd’hui se nourrissent de beaucoup d’autres cultures. »
Sous les sourcils en mode free, la prunelle palpite à l’évocation d’une 33e programmation pailletée de superlatifs, qui assume sa ligne originelle et exigeante (cap sur la découverte) sans occulter les figures rassurantes et révérées par leurs successeurs. Ravir tous les mélomanes, de l’exigeant au débutant, du fidèle historique au « j’ai vu de la lumière et je suis entré », telle est la feuille de route du Nevers D’Jazz Festival. Les hommages à Louis Armstrong, Astor Piazzola, Charlie Parker ou Ornette Coleman dessinent ainsi le doux versant grand public, débroussaillé néanmoins de toute facilité, d’un massif jazz qui offre par ailleurs des voies plus abruptes ou mystérieuses.
Loin d’être dans leur bulle, le festival et son orchestre inspirent l’air du temps et réparent une incongruité, la part habituellement minime dévolue aux étoiles féminines. « La place des femmes dans le jazz est un vrai sujet », reconnaît Roger Fontanel. « Elles seront beaucoup plus présentes cette année, et notamment des femmes leaders, comme Erika Stucky, Géraldine Laurent, Nes (Nesrine Blemokh) ou Youn Sun Nah. » A la lisière du théâtre et du jazz, le spectacle Portrait de Ludmilla en Nina Simone promet également d’être un des grands chocs d’une édition qui épanouira ses volutes à La Maison et au Théâtre municipal.
L’ouverture aux autres arts – une constante du festival – se traduira cette année par une exposition du travail du célèbre plasticien Ernest Pignon-Ernest, Characters on a wall, au Palais ducal (8 novembre-8 décembre). Le vernissage aura lieu en présence de l’artiste et de Louis Sclavis, l’un des fidèles de Nevers D’Jazz Festival, dont le quartet jouera le 15 novembre Characters on a wall, inspiré de huit œuvres d’Ernest Pignon-Ernest.
Soutenue par Nevers Agglomération, l’association D’Jazz assure, parallèlement à son festival, une mission d’éducation artistique et culturelle, avec la Tournée Bouts d’Choux dans les écoles élémentaires, des concerts pédagogiques pour les collégiens, lycéens et étudiants, ainsi qu’un stage de découverte et perfectionnement les 20 et 21 octobre.