De son propre aveu, Bilal Chalag « ne travaillait pas au lycée ». Après son bac obtenu sur le fil, le Neversois s’est métamorphosé en intégrant le Parcours d’accès spécifique santé (PASS), sur le site Cobalt, grâce à son frère, étudiant en médecine devenu son coach. Grâce, surtout, à une discipline de fer qui a « formaté (son) cerveau » pour faire de lui un brillant étudiant.
A la fin de l’année universitaire, si ses résultats sont aussi étincelants qu’aux partiels qu’il a bouclés en tête du PASS à Nevers, Bilal Chalag s’est promis de retourner au lycée Alain-Colas : « J’irai voir mes profs, leur montrer que j’ai réussi. » A ceux, surtout, qui se sont échinés à motiver l’élève velléitaire, archétype du potentiel en péril, arrivé jusqu’au bac sans se surchauffer les neurones : « J’ai eu le bac de justesse. Quand je disais que j’allais faire médecine, certains profs n’y croyaient pas, mais d’autres me poussaient vers le haut. Alain-Colas, pour ça, c’est magnifique, ils te forment ton mental. Les profs, je les respecte de fou (sic). »
Elevé à la Grande-Pâture dans une famille qui pousse à la réussite, le jeune homme de 18 ans est conscient que sa présence dans un cursus aussi relevé que les études de médecine tient aussi du symbole : « C’est quelque chose de positif de venir d’un quartier réputé sensible et de réussir. C’est une fierté, ça prouve que ça n’a aucune incidence. Mon frère l’a fait avant moi. » En dernière année d’études dentaires, Lakdar Chalag est sans doute celui par lequel la « révélation » Bilal est devenue possible : « J’aurais fait ces études même s’il ne m’avait pas poussé. Mais il m’a aidé à me lancer, il m’a un peu formé, en me donnant des conseils, en me disant « tu vas charbonner ». Il m’a appris à être autonome, à me poser des questions. »
Grâce à son grand frère, Bilal Chalag a tenu bon pour combler le gouffre qui séparait son rythme de lycéen de celui d’étudiant du PASS : « Au lycée, je faisais l’impasse sur ce que je ne trouvais pas intéressant. Ici, tout est à apprendre, il n’y a pas le choix. Au début, j’avais zéro concentration, je n’arrivais pas à lire à l’écran, et je ne retenais pas. J’ai compris que tout se jouait sur l’attention. Je n’ai pas lâché. Je me suis défoncé et j’ai fini par me sentir plus à l’aise. En fait, j’ai formaté mon cerveau. Maintenant, dans les QCM après les cours, je suis dans les meilleurs. »
Et il ne s’autorise aucune relâche : « Cela se joue au mental. Niveau travail, on a une surcharge de fou au second semestre, tu ne peux pas te laisser attendrir, faire la moindre impasse. J’ai eu de bonnes notes aux partiels, mais il ne faut pas que je commence à me la péter, je repars de zéro. »
Dans un sourire, il confie une des sources de sa motivation : « On a des colles toutes les semaines. Quand j’en ai vraiment bien réussi une, je m’achète un tacos. » Mais son vrai aiguillon est ailleurs : « Me prouver à moi-même et aux autres que je peux passer de dernier à premier. » Le voilà plongé avec délices dans les méandres de la biocellulaire et de la biochimie, « ce qui (lui) plaît le plus », et les torrents de l’embryologie, « le plus difficile, avec énormément de vocabulaire ».
S’il ne sait pas encore quelle spécialité l’attire, Bilal Chalag sait d’où vient sa fascination pour la médecine : « Quand j’étais petit et que j’allais chez le médecin, le Dr Vresk, le Dr Deschamps, je les trouvais sympas, aimables, et quand ils me faisaient une piqûre, je trouvais ça trop impressionnant qu’ils sachent où piquer. Je me disais que ça devait être un truc de fou, tout ce qu’il y avait à apprendre pour résoudre les mystères du corps humain. Ça pourrait me plaire d’être médecin à Nevers. Soigner les gens, être utile, ça doit être une fierté. Je ne veux pas vivre comme un roi, mais juste ne pas me soucier d’argent et être utile aux autres. »
Nevers Sup le mag n°1 | Avril 2021
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