Samedi 18 mai, de 8 h à 18 h, le parc Roger-Salengro accueille la 4e Journée D’REVE. Une journée initiée par Nevers Agglomération pour apprendre à « donner, échanger, réparer et vendre d’occasion », bref, sortir de l’ère du tout-jetable et du gaspillage. Gros plan sur quatre initiatives, à découvrir sur place et à emporter, qui illustrent les nouveaux horizons de la lutte contre la surconsommation.
Install party : nouvelle jeunesse pour vieux PC
Plus besoin de jeter de l’argent – et son ordinateur – par les fenêtres pour chaque nouvelle version de Windows. Rémy Huot est passé maître dans la jouvence des « vieux » PC, dont il remplace le système d’exploitation obsolète par un système libre de type Linux lors d’ »install parties ». L’archétype de l’ordinateur requinqué ? « Les Windows Vista, qui ont 5, 8 ou 10 ans. Mais on peut aussi remettre à neuf des bécanes qui ont 12 ou 14 ans. On installe une suite bureautique (libre elle aussi, NDLR), des barrettes mémoire s’il le faut, et on aide à la prise en main. »
Vétéran de la guerre des logiciels libres contre le tout-puissant Windows, le médiateur numérique du Conseil départemental et animateur du FabLab de Clamecy constate un engouement de plus en plus large pour ses ateliers : « Au début, c’était surtout des jeunes, maintenant il y a tous les publics, des actifs qui veulent revaloriser leur ordinateur, ou des personnes âgées qui veulent un appareil de complément. Il y a tellement de matériel qui n’est plus utilisé… On travaille aussi avec les ressourceries ou du matériel réformé du Conseil départemental et des lycées. »
En démonstration lors de la Journée D’REVE, Rémy Huot expliquera aussi comment relancer la carrière de son minitel « vintage » : « On les transforme en bornes de jeux d’arcade. »
Batance : jetable, moi non plus
L’ »upcycling » (surcyclage en VF) fait son entrée dans le vocabulaire – et le paysage – neversois grâce à Caroline Milhe, qui a créé sa société Batance fin 2018, rue de Nièvre. Le concept, déjà éprouvé dans les pays scandinaves et l’Amérique du Nord, est encore méconnu en France. Transformer des bouteilles de verre en bocaux ou en supports à bougie est une des possibilités presque sans fin offertes par l’upcycling : « Tous les jours on trouve de nouvelles astuces », explique Caroline Milhe.
Comptable de formation, la jeune femme a rapidement fait bifurquer sa vie professionnelle vers l’environnement, pour mettre en accord travail et philosophie de vie : « Je ne me voyais pas m’épanouir dans la comptabilité. Dans ma famille, on trie depuis que je suis toute petite, c’est devenu un mode de vie. » La rencontre avec Olivier Tardieu, créateur de la boutique Vrac & Bio dans le quartier Saint-Arigle et presque voisin de Batance, a élargi la perspective de Caroline Milhe sur le zéro déchet et l’emballage réutilisable : « J’ai développé une gamme de produits lavables, comme des carrés de tissu ou des charlottes en coton enduit qui remplacent les films en cellophane pour couvrir les aliments, ainsi que des « bee wraps » pour emballer les sandwiches. »
En vente chez Vrac & Bio, les produits de Batance ont « de plus en plus de succès ». Caroline Milhe organise également des ateliers dans la boutique d’Olivier Tardieu, où elle partage ses techniques de fabrication de produits ménagers ou cosmétiques : « Il y a une vraie demande, les gens ont très envie d’apprendre à fabriquer eux-mêmes. »
Contact : www.batance.fr (site vitrine et bientôt site de vente en ligne)
Bricothèque : joindre l’outil et l’agréable
En pleine vogue du DIY (« do it yourself », « fais-le toi-même »), la Bricothèque des quartiers est une initiative heureuse de l’association Les Acteurs solidaires en marche (ASEM). Plutôt qu’investir dans du matériel de bricolage, qui ne servira que ponctuellement, mieux vaut l’emprunter, pour un tarif imbattable : de 50 centimes à 3 euros la semaine, selon la nature et la valeur de l’outillage et les ressources du bricoleur. A ce prix-là (et moyennant une caution elle aussi raisonnable), l’emprunteur repart avec du matériel neuf, de qualité, dont il peut apprendre le maniement auprès des bénévoles de l’association.
Installée dans l’ancienne école Claude-Tillier (13, rue Louis-Francis, quartier des Courlis) depuis novembre 2018, la Bricothèque est accessible à tous les habitants de Nevers, le mardi de 10 h à 12 h 30 et le vendredi de 13 h à 15 h 30. Il est également possible de venir apprendre à bricoler ou trouver de l’aide pour monter un meuble. « Le but de la Bricothèque, c’est à la fois de permettre aux gens de faire des économies, d’utiliser du matériel en toute sécurité mais aussi de susciter des rencontres », détaille Nathalie Moreau, directrice de l’ASEM. « On veut créer de l’entraide et de la convivialité. Et cela peut faire découvrir le quartier autrement. »
Près de 50 outils et lots d’outils (pour tapisser, carreler, enduire, etc.) ont été achetés grâce à une subvention de 3 500 € versée par la Région. La gamme va de la rallonge au petit échafaudage (qui évite le bricolage équilibriste) en passant par les scies, perceuses, nettoyeurs haute pression, etc.
Contact : 03.86.23.19.56, labricotheque@asem-nevers.org
Bouchons en liège : recyclage en chaîne
Dans la grande famille des petits objets du quotidien recyclables, les bouchons en liège sont les derniers-nés sur l’agglomération neversoise. L’association Les Bouchons en liège se recyclent (LBLR) est née en avril 2018 grâce à une jeune femme, Emilie Curmi, sensibilisée à la protection de l’environnement après plusieurs années de travail dans la grande distribution : « Le gaspillage que je voyais m’a fait prendre conscience. J’ai eu envie de contribuer au développement durable, à l’économie circulaire. En regardant ce qui pouvait être recyclé, je suis arrivée au bouchon en liège. »
Sur le site de l’organisme national de collecte, Planète Liège, la Challuysienne découvre qu’aucune collecte n’existe dans la Nièvre « ni même en Bourgogne ». Un an plus tard, ce sont dix points de collecte qui constellent la carte de Nevers et de ses environs : grandes surfaces, mairie, magasin d’alimentation pour animaux, sans oublier les restaurateurs qui récupèrent les bouchons. Des tonneaux offerts par la tonnellerie charitoise Berthomieu sont les réceptacles de bouchons en liège, qui remplissent peu à peu une aile du sous-sol d’Emilie Curmi : « Une palette est bientôt prête. Il faut que j’en remplisse deux pour que Planète Liège vienne les chercher. Deux palettes, c’est 100 000 à 120 000 bouchons. » L’organisme de collecte les rachète 330 € la tonne : « Il y a 220 kg par palette. » Les bouchons seront transformés en isolant, en revêtement de sol, en semelles. L’argent récupéré par LBLR, lui, sera réparti entre quatre associations locales (Foutu Cancer 58, UNAFAM, AFED et Cendrillon 58) et l’Institut méditerranéen du liège, pour planter des chênes-lièges.
Emilie Curmi collecte les bouchons synthétiques également employés pour les bouteilles de vin : « J’en fais des objets de décoration. » Elle a ainsi animé un atelier au collège de Moulins-Engilbert, et souhaite en organiser d’autres dans des écoles ou des EHPAD. Seule à tenir l’association avec son mari, elle compte sur la Journée D’REVE pour faire connaître LBLR et trouver des renforts. Car un autre projet l’accapare, l’ouverture d’une boutique éthique dans le centre-ville de Nevers.
Contact : 07.69.02.18.69 et la page Facebook « Les Bouchons en liège se recyclent ».