
Une cour de lycée transformée en salle de banquet à ciel ouvert, des serveurs qui s’assoient entre les convives pour leur confier leur recette de cÅ“ur, des brochettes de sourires et un festin de sensations : avec Cucine(s) LAB, le projet de territoire à destination des quartiers Politique de la ville, l’association Alarue a réussi son pari de créer une oasis intimiste, bienveillante et joyeuse dans la frénésie des Zaccros d’ma rue. Â
C’est une haie d’honneur à double battant, où serveurs d’un jour et commensaux d’un soir se saluent mutuellement, dans un mélange de surprise et de fierté. Dès l’entrée de Cucine(s) LAB, qui a investi la cour du lycée L’Espérance à l’ombre de la cathédrale, le ton est donné. Celui d’un banquet-spectacle inclassable, qui se joue autant dans l’assiette qu’autour.
Le rapport qualité-prix (5 €) du menu est imbattable : salade de fenouil, verrine médiévale, tartine de champignons et fines herbes, brochette fraîche feta-jambon, jusqu’au crumble abricot-romarin. Du 100 % local, 100 % artisanal, mitonné par Odile, Sophie, Arnaud, JP, Néné, Dolorès, et les autres petites mains au grand cœur du projet de territoire imaginé par l’association Alarue. Tous cuisiniers amateurs, tous habitants des quartiers Politique de la ville de Nevers, rassemblés autour de Floriane Facchini et sa compagnie, créatrice de Cucine(s) LAB.
Les 5 et 6 juillet au soir, ils étaient près de 150 convives attirés par cette promesse de douceur, de rencontre, de bienveillance. Autour des tables en farandole surmontées de guirlandes d’ampoules, de grands portraits magnifient quelques héros et héroïnes du jour qui ont ouvert leur porte à l’artiste italienne et à ses camarades – scénographe, photographe, etc. Flottent au vent doux des dessins, des recettes, des portraits façon Arcimboldo. Côté cuisine, c’est un peu de son âme qui se met à table, un peu de soi que l’on révèle à son invité.
Les premiers mets défilent, servis sur de généreuses planches. Les gestes des habitants-serveurs sont délicats, rarement malhabiles, empreints du plaisir du partage. Chef d’orchestre parmi ses troupes, Floriane Facchini distribue sourires et clins d’œil par brassées, rassure, encourage. Les hôtes en tablier rouge viennent s’asseoir parmi les convives-spectateurs, racontent leur recette de cœur, des souvenirs de tablée, ou lisent quelques pages anthologiques de littérature gourmande – comme la mythique madeleine de Marcel Proust.
La nuit tombe délicatement, enveloppe la cour et ses occupants qui semblent décidés à ne pas laisser retomber le charme de l’instant. Celui d’une impalpable poésie, d’une bulle de fraternité et d’une « résistance » aux aigreurs qui guide la ligne artistique de Floriane Facchini.
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