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Des premiers pas chancelants ou rayonnants, des brassées de câlins, des bouquets de sourires. Chausseur pour enfants, Nathalie Hémery accumule les « souvenirs extraordinaires » dans sa boutique, Une Souris verte, depuis 2011. Elle y puise l’envie d’avancer quand les soucis lui mordillent les mollets.

Les enfants qui la croisent dans la rue la hèlent et l’appellent Une Souris verte. Elle est aussi la dame qui offre une sucette quand on est sage pendant l’essayage. Dans le bureau de sa boutique, Nathalie Hémery accroche, à côté du numéro de ses fournisseurs, les faire-part de naissance, de baptême, de communion, qu’elle regarde tendrement tout en parlant. Ses clients forment une famille espiègle et câline, dont elle accompagne souvent la croissance, des premiers pas façon culbuto jusqu’à l’entrée au collège.

C’est écrit sur l’enseigne, Madame Souris verte chausse « du 18 au 37 », pousse jusqu’au 39 en hiver : « Je chausse aussi les mamans qui n’ont pas les pieds déformés », précise-t-elle. Pas les ados, « trop éphémères ». Son cœur de cible, son métier de cœur, c’est « chausseur pour enfants », et surtout pas vendeuse de chaussures : « Je sais quelle chaussure va aller juste en voyant le pied », explique fièrement Nathalie Hémery. « Je préfère ne pas vendre que mal chausser un enfant. C’est comme si je me chaussais. Nos pieds nous portent toute notre vie, il ne faut pas prendre un mauvais départ. »

Rue François-Mitterrand, elle voit parfois revenir des parents penauds après un achat catastrophe en ligne, une bonne affaire qui fait l’enfer des petons : « On ne peut pas tout acheter sur internet. A chacun son métier. » Un chausseur sachant chausser sait aussi choisir ses fournisseurs, avec rigueur : qualité des matières, de la fabrication, « ce qui a un prix », reconnaît-elle.

Dans le commerce depuis trente-cinq ans, Nathalie Hémery s’est mise à son compte sur le tard, en 2011, après un licenciement économique : « J’avais toujours dit qu’un jour j’ouvrirais mon magasin. » La Neversoise « pure souche » marche alors sur un solide coussinet d’expériences : Barboulotte, Bata, Dipaky, Benjamin, où une collègue, Nicole, la forme à l’art du chausseur. « En 2011, je me suis jetée. Ça s’est fait très naturellement, j’ai été très bien aidée par Pôle emploi et la CCI, la banque m’a suivie, tout s’est enchaîné. »

Elle s’installe dans une ancienne agence immobilière, sous l’enseigne Une Souris verte : « Je voulais un nom que tout le monde connaît. Un jour, à Vichy, je suis tombée sur un magasin qui s’appelait La Souris verte. » Le titre de comptine inspire les enfants, qui débarquent parfois en chantant : « J’ai des souvenirs extraordinaires, beaucoup de câlins. Les enfants sont tous différents. » Quand on est au pied des clients, le relationnel prime : « Il faut de la patience, aimer les enfants, plaire aux parents, aux grands-parents. Etre physionomiste, aussi, se souvenir des enfants. C’est super de les voir grandir, à Noël j’ai les sablés, les dragées pour la communion. »

Les cinq premières années ont été « très belles ». La période actuelle, plus délicate, use le moral : « C’est dommage de ne pas avoir un numéro de téléphone où appeler quand ça ne va pas. J’ai la chance de connaître Amanda Mimeur (manager commerce à Nevers Agglomération, NDLR). Grâce à elle, je communique plus, et plein de monde s’intéresse à moi. »

Entre les ateliers Commerçant numérique du FISAC (Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce, NDLR) et le diagnostic de la CCI sur l’amélioration de la performance, Nathalie Hémery se remet en question. Et pour chasser le blues, elle compte sur ses voisines de la rue Mitterrand, Hélène à Age d’or Services et Laëtitia au Balto. Et se passe en boucle le conseil de sa mère : « Elle nous a toujours dit « faites ce que vous avez à faire, n’ayez aucun regret ». La vie passe très vite, je crois au destin. »

Surtout, la patronne d’Une Souris verte puise sa force auprès de ses clients : « Ils m’encouragent. Je me rends compte que je fais partie de la vie des gens. Je me sens responsable vis-à-vis d’eux, cela m’interdit de lâcher. »

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