Du 1er au 13 juillet, la 1ère édition de la Nø School Nevers pose un regard critique et énergique sur les technologies de l’information et de la communication. Si les formations en journée sont réservées aux étudiants, les intervenants venus du monde entier prolongent la réflexion chaque soir lors de conférences gratuites à la librairie Ravisius Textor. Une invitation à nager à contre-courant de pensée.

Benjamin Gaulon (à gauche), graphiste et enseignant, a choisi Nevers, sa ville d’origine, pour tester sa Nø School.
Originaire de Nevers, passé par le lycée Alain-Colas, le graphiste et enseignant Benjamin Gaulon promène depuis longtemps ses semelles dans la poussière du monde et les méandres des technologies de l’information et de la communication. Il fait même autorité dans le domaine de la réflexion sur l’obsolescence programmée.
Passé par les Pays-Bas, l’Irlande et la Parsons School de Paris (école d’art et de design), le bouillonnant néo-quadragénaire a décidé de lancer sa propre école, la Nø School, entre Paris, l’année, et Nevers, l’été. Une « anti-école » qui pratique la réflexion à rebrousse-poil sur un sujet épidermique, celui du rapport des hommes à des technologies propulsées en quelques décennies au cœur du quotidien.
Pour tester sa Nø School, Benjamin Gaulon a choisi Nevers, du 1er au 13 juillet : « Je voulais que le discours critique se déroule dans un lieu à la fois urbain et rural, une bulle qui soit préservée des distractions d’une grande ville. Je voulais aussi apporter une activité économique à Nevers. Nous travaillerons avec le Comptoir Saint-Sébastien, le Fournil Saint-Arigle, le foodtruck Rajasthan. »
Autofinancé à 90 %, le budget de la « summer school » neversoise s’élève à 25 000 € (1). Une somme raisonnable alors que la trentaine d’intervenants qui animeront les formations, chaque jour dans l’ancienne faïencerie Montagnon, arrivent du monde entier : « La plupart des enseignants paient leur voyage, certains viennent en famille », précise le fondateur de la Nø School, qui imprime une « ambiance différente » à son laboratoire à idées.

Dix-neuf étudiants participeront à des ateliers de formation, chaque jour, dans l’ancienne faïencerie Montagnon (photo d’illustration).
Le « non-parisianisme » de cette initiative n’a pas refroidi les candidatures, au contraire : « L’objectif est plus qu’atteint. Je pensais avoir 12 à 15 étudiants, finalement ils sont 19. » Des Irlandais, Américains, Canadiens, Portugais, Hongrois… et trois Français, dont Baptiste Fluzin, designer et enseignant, venu de Nantes : « Je connais le travail de Benjamin Gaulon depuis une dizaine d’années. Le concept et le nom de Nø School m’ont tout de suite plu, de même que l’idée de l’organiser à Nevers. C’est important de décentraliser ce genre d’événements. Ces thèmes de la dépendance et de la surveillance liées aux technologies de l’information et de la communication concernent tout le monde. Beaucoup d’utopistes de la première heure sont en train de déchanter en voyant ce que devient cette société technologique ; les idéaux libertaires se heurtent à un internet hyper-centralisé, des outils de surveillance. Nous sommes hyper-dépendants et hyper-ignorants. C’est un sujet d’inquiétude qui n’a pas la place qu’il mérite. »
Pour nourrir sa réflexion, le public a rendez-vous chaque jour, de 19 h à 21 h, devant la librairie Ravisius Textor (8 rue des Quatre-Vents à Nevers), où les intervenants tiendront des conférences gratuites – des Nø Talks. Les travaux des workshops quotidiens seront exposés le 13 juillet (vernissage à partir de 17 h 30), dernier jour de la Nø School Nevers, qui se terminera par un Nø live concert en l’église Sainte-Bernadette du Banlay, à partir de 21 h.
Détails sur www.noschoolnevers.com