En octobre, la section des jeunes sapeurs pompiers de Nevers-Saint-Eloi a organisé une vaste collecte de denrées pour les victimes des inondations dans les Alpes-Maritimes. Les dons ont été tellement nombreux qu’une partie a été consacrée, avec le soutien de Nevers Agglomération, à l’amélioration du quotidien des étudiants neversois en situation précaire. Une solidarité en chaîne inédite et appréciée.
Dans le garage du Centre de secours principal de Nevers-Saint-Eloi, au milieu des véhicules d’intervention déclinant toute la gamme des urgences (secours aux personnes, milieu périlleux, etc.), la métaphore fait mouche et sens. Le chef de centre, le commandant Fabien Hullo, l’a piochée dans le lexique des soldats du feu pour illustrer le don de palettes de produits de première nécessité aux sites universitaires de l’agglomération de Nevers, qui les répartiront entre les étudiants en difficulté : « Ces denrées avaient été collectées pour aider les victimes d’une catastrophe (les inondations qui ont ravagé plusieurs communes des Alpes-Maritimes, NDLR). Nous sommes très contents de pouvoir en faire bénéficier les victimes locales d’une autre catastrophe, économique et sociale. »
Parmi les 2 900 étudiants vivant à Nevers, combien sont en situation précaire ? Aucune statistique locale n’existe, mais les données nationales de 2019 évaluaient à 20 % la proportion d’étudiants sous le seuil de pauvreté – soit près de 600 à l’échelle de l’agglomération neversoise. Le Covid, qui a fait disparaître d’innombrables jobs d’été ou à temps partiel, a inévitablement aggravé la tendance. Alors les tonnes de denrées qui seront distribuées au cours des prochaines semaines feront du bien, à l’évidence.
Responsables de cette manne, les treize jeunes sapeurs-pompiers de Nevers-Saint-Eloi n’étaient pas là , ce matin du vendredi 20 novembre, pour rougir sous les louanges des officiels. Dans le civil, les héros du jour sont collégiens, avec en tête et au cœur un souci des autres plus grand que leurs 13-14 ans. Les images des villages ravagés dans les Alpes-Maritimes les ont bouleversés, ils ont répondu par une collecte sur un week-end à travers la Nièvre, en octobre. « Un travail titanesque », apprécie le caporal Thibaut Monfort, leur chef de section, impressionné : « Ils sont la clef de voûte de cette collecte, et de notre relève. »
Les sapeurs pompiers en herbe ont tellement bien travaillé que l’appel aux dons a reçu un écho inespéré parmi les Nivernais : « Le succès a été supérieur à nos attentes. Les dons occupaient 200 m2 de ce garage. Nous avons rempli quatre fourgons pour les Alpes-Maritimes, soit 60 m3, et il nous restait beaucoup de choses », explique le commandant Hullo. Contact est alors pris avec Denis Thuriot, maire de Nevers et président de Nevers Agglomération (1), pour en faire bénéficier les étudiants aux fins de mois difficiles. « Beaucoup d’étudiants viennent d’ailleurs, ils complètent leur budget par des petits boulots qui ont presque tous disparu avec la crise », pointe Denis Thuriot, sensible à cette « solidarité dans la solidarité » réconfortante  en pleine « situation difficile ».
Sous l’égide de Christophe Lasserre, chef de projet Enseignement supérieur à Nevers Agglomération, l’opération a été orchestrée avec les sites universitaires et les associations étudiantes. Mercredi 18 novembre, plusieurs jeunes bénévoles sont venus au Centre de secours répartir et conditionner les denrées sur des palettes. La livraison sera assurée par les Transports Grenin : « Je ne m’attendais pas à ce que nous ayons 17 établissements à livrer. Ça prouve que Nevers est une ville de jeunes », sourit la gérante, Elisabeth Grenin. A l’invitation de Nevers agglomération, l’entreprise a été associée à cette chaîne de solidarité, de même que la Banque alimentaire distribuera une partie de la collecte.
Présidente des Seringues de Nevers, l’association étudiante de l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI), Lison Aubenas est touchée par la mobilisation des jeunes sapeurs-pompiers : « Cela fait extrêmement plaisir, on a encore plus envie de se battre pour les étudiants. » Dans son établissement, que fréquentent 400 futurs infirmiers et aides-soignants, la précarité est une réalité difficilement mesurable : « Très peu viennent nous voir pour en parler, c’est une question de dignité. Mais, avec les autres associations étudiantes de Nevers et l’épicerie solidaire de l’ASEM, nous montons un projet pour aider ceux qui en ont besoin à pallier leurs problèmes. »
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L’enseignement supérieur est une des compétences de Nevers Agglomération.