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Du 6 au 9 février, la Maison de la culture de Nevers Agglomération (MCNA) propose son 1er festival Jeunes Pousses, après une « édition zéro » probante fin 2017. A découvrir, six jeunes compagnies qui abordent avec audace et maîtrise des classiques ou des écritures contemporaines, dans un programme riche de concerts, de courts-métrages et de rencontres. Une invitation à se laisser surprendre et séduire, qui sait, par de futures stars du spectacle vivant.

Les maxillaires tressautent, le corps ne tient pas en place sur la chaise, le débit est fervent. S’il fallait incarner les affres et tensions de la création théâtrale, Yann Lefeivre décrocherait le rôle. Extrait pour quelques minutes de la préparation de La Furie des nantis, en résidence à la MCNA avant d’y conclure le festival Jeunes Pousses, le fondateur, acteur et metteur en scène de la compagnie Fièvre est à fleur de peau, volcan affable.

Un comédien sur le flanc, un public à conquérir : le stress est palpable à quelques semaines de la première. En choisissant une œuvre d’Edward Bond écrite dans les années 1980, une science-fiction post-apocalyptique raccord avec le climat de guerre froide, Yann Lefeivre a esquivé la facilité. Et l’assume : « Le théâtre de science-fiction, c’est assez rare, c’est pour ça que j’ai choisi cette pièce. Elle permet d’imaginer le futur pour mieux parler du présent – ce qui se passe en ce moment dans la rue, les enjeux du climat, la crise migratoire. On va dans le mur, et si on ne change pas de cap, ce sera la fin du monde tel qu’on le connaît. »

Pour embarquer le public dans cette histoire « immersive » d’un groupe de survivants, le jeune trentenaire convoque les codes narratifs et esthétiques de son époque : « Je suis un gros consommateur de séries, ça m’a influencé. Il n’y a pas beaucoup de spectateurs qui lisent La Boétie ou Marx, mais beaucoup connaissent Netflix ou les blockbusters. » Avec sa mise en scène très réaliste, il espère « bouger les spectateurs » : « Je suis impatient que les gens voient ça. C’est ce qui me pousse. »

L’audace formelle, l’engagement, le refus du confort, le goût du risque, telles sont les valeurs communes à la compagnie Fièvre et aux « jeunes pousses » que la MCNA met en lumière, du 6 au 9 février, pour la première édition d’un festival qui avait attiré 800 spectateurs fin 2017, lors de son édition zéro lancée en ballon sonde. « Le soutien aux jeunes compagnies fait partie de mon projet », rappelle Jean-Luc Revol, directeur de la MCNA depuis 2016 – et dont la délégation de service public vient d’être renouvelée par Nevers Agglomération jusqu’en 2024. « C’est de plus en plus difficile pour elles de montrer leur travail. »

Yann Lefeivre confirme : « Il y a moins de place, moins de programmation, moins d’argent. Chaque création est une bataille. Les programmateurs veulent voir le spectacle avant, pour être sûrs que c’est très, très bien ; si c’est juste bien, ça ne va pas. On est dans une logique de rentabilité. » De retour à la MCNA, où il avait présenté On ne badine pas avec l’amour en 2017, il apprécie le risque pris par Jean-Luc Revol et son adjoint, Maël Grenier, en sélectionnant La Furie des nantis, création en gestation : « C’est rare de faire confiance. C’est pourquoi je suis très heureux d’être là. »

Le programme complet du festival Jeunes Pousses est à découvrir sur le site de la MCNA.

 

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