Pour faire passer une conduite d’eau potable sous le rond-point de la 1ère-Armée-Française à Challuy, impossible de couper d’une tranchée ce nœud névralgique du trafic vers Nevers, l’A77 et Bourges. La technique, rare et complexe, du forage dirigé a été employée, et parfaitement exécutée par une entreprise venue de Rouen pour ce chantier de Nevers Agglomération. Explications.
En matière de travaux publics, le forage dirigé est à la tranchée ouverte ce que la cœlioscopie est à l’ouverture en grand de l’abdomen. Une technique non-invasive, qui supprime les désagréments en surface. Mais contrairement à sa « cousine » chirurgicale, désormais banalisée dans les blocs opératoires, le forage dirigé est employé rarement – car plus coûteux que la méthode « à l’ancienne » et à la pelleteuse.
« On l’utilise pour éviter de faire une tranchée sur un axe très passant », expliquait Cyril Perriot-Comte, chef d’antenne de la SADE à Nevers, lors d’une réunion de chantier en forage dirigé sous le rond-point de la 1ère-Armée-Française à Challuy. A l’entrée sud de Nevers (route de Lyon), au croisement de l’accès à l’échangeur de l’A 77 et de la route de Bourges, ce vaste disque sur lequel circulent des milliers de véhicules chaque jour est un cas d’école pour l’usage d’un forage dirigé.
Celui-ci a été réalisé par des spécialistes venus de Rouen, Les Forages du Nord-Ouest, qui ont transpercé le sous-sol sur 100 m, de part en part… mais pas au hasard. Les réseaux présents dans le sol (gaz, télécom, pluvial, etc.) ont été identifiés bien en amont, via une Déclaration d’intention de commencement de travaux (DICT) envoyée aux fournisseurs, et cartographiés. « Tant qu’on ne sait pas où passe la conduite de gaz, on ne commence pas le forage », précise le chef d’équipe de l’entreprise rouennaise.
Quelques jours avant le forage dirigé, un « pré-trou » a été effectué, à l’aide d’une tête équipée d’une sonde. Puis, du 22 au 24 octobre, la foreuse est entrée en action, à quatre mètres sous la chaussée, en plusieurs passages pour atteindre le diamètre prévu de 400 mm. Un fourreau de 280 mm en polyéthylène haute densité (PEHD) a ensuite été glissé à l’intérieur du trou, pour protéger la conduite d’au potable de 180 mm, elle aussi en PEHD, enfilée sous le rond-point en guise d’ultime étape.
Ce forage dirigé aura été l’un des temps forts techniques du chantier d’interconnexion des réseaux d’eau potable, mené par Nevers Agglomération pour sécuriser l’alimentation des 2 000 abonnés de Challuy, Sermoise-sur-Loire et Chevenon. Dans le cadre de ces travaux qui s’élèvent à 800 000 € TTC, 1 900 m de conduite d’eau potable sont remplacés, ainsi que les branchements des abonnés. Le calendrier prévisionnel – six mois de travaux à compter de septembre dernier – est pour l’instant respecté. A la demande du service Eau-Assainissement de Nevers Agglomération, la SADE a même ajouté à son plan de charge le remplacement d’une conduite aux casses multiples, route de Lyon, sur 400 m, ainsi que les six branchements desservis : « Nous avons mis une deuxième équipe sur ce chantier à faire en urgence », précise Cyril Perriot-Comte. Prévu en 2019, le remplacement de cette conduite a ainsi été anticipé.