Gazon et graminées dans le cimetière, trottoirs verdoyants : la végétalisation prend racine à Fourchambault, qui n’a pas attendu l’obligation réglementaire du « zéro phyto » pour changer de regard sur son environnement. Ses expériences pilotes ont été présentées lors d’une réunion à destination des techniciens et des élus.
Au début, les herbes qui poussaient entre les tombes ont choqué : « On recevait beaucoup de courrier en mairie », se souvient Patrick Tollet, conseiller municipal de Fourchambault délégué au cimetière et au marché. Puis la pédagogie et l’affichage ont fait leur Å“uvre : le gazon et les fleurs qui donnent des couleurs aux allées du jardin de pierres ne prospèrent pas sur l’indifférence des élus ou sur l’inaction des services techniques. Au contraire. « La végétalisation est une alternative à l’utilisation de produits phytosanitaires », prévient un panonceau accroché au portail du cimetière. « Désormais, c’est bien vu par la population », assure Patrick Tollet, conscient de l’étrangeté iconoclaste de son constat : « L’engazonnement a égayé le cimetière. Il est beaucoup plus vivant. »
À ses côtés, Marc Lauvernier, conseiller municipal délégué à l’environnement et aux espaces verts, opine en évoquant la végétalisation des trottoirs, instaurée depuis quelques mois sur le boulevard Boigues : « On développe à fond sur ce côté-là . Avec la baisse des dotations de l’État, il est moins cher de tondre que de désherber. »
Expérience pilote, la mise au vert du cimetière et du boulevard Boigues a complété in situ la réunion organisée à la Maison du peuple de Fourchambault, mardi 24 avril. Une cinquantaine d’élus et de techniciens venus majoritairement de l’agglomération de Nevers et du Sud-Nivernais avaient répondu à l’invitation lancée par PEV (1) et Natura’lis, les entreprises choisies par la Ville de Fourchambault pour végétaliser une partie des espaces publics.
Révolution technique et culturelle
Après des décennies de chasse à l’herbe folle, le retour du végétal nécessite « beaucoup de pédagogie et de calme », a rappelé Alain Herteloup, maire de Fourchambault et vice-président de Nevers Agglomération, dans son propos liminaire : « On a mis des bonnes herbes dans le cimetière, des habitants les enlèvent… parce que ce sont des herbes. »
Imposé par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015, le « zéro produit phytosanitaire » est en vigueur dans les collectivités depuis le 1er janvier 2017. PEV épaule une vingtaine de communes nivernaises dans cette révolution technique et culturelle : « Nous leur proposons des solutions écologiquement et économiquement acceptables », explique le gérant de l’entreprise, Jérôme Lez. La gestion différenciée des espaces publics permet de moduler les interventions, selon sa métaphore : « On n’entretient pas son garage comme sa cuisine ou sa salle de bains. »
À Fourchambault, la gestion différenciée est engagée depuis 2012, date de l’arrivée de Christophe Barge à la tête du service Espaces verts : « On a commencé à réfléchir à l’application des produits au bon endroit, et à la protection des employés. Nous avons progressivement réduit l’emploi des produits. »
Actuellement, neuf agents entretiennent une vingtaine d’hectares d’espaces verts et 30 km de trottoirs. Mais pas comme avant : « Depuis fin 2015, nous n’utilisons plus de produits chimiques. » Après avoir testé la solution thermique (brûlage), le service est passé au mécanique, avec des réciprocateurs, et la végétalisation des sols perméables : « Une grande majorité des habitants est soit favorable soit indifférente. Mais le retour positif est encourageant pour les agents, et il nous booste pour trouver des solutions alternatives. »