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On prenait les commandes par téléphone ou par mail, et on livrait le mardi et le vendredi après-midi. La demande a accroché tout de suite. 

On a eu jusqu’à 150 commandes par semaine, dont des nouveaux clients. Ça me rappelait le temps des tournées, quand on allait servir les gens jusque chez eux. On livrait jusqu’à 10 km autour de Nevers, on allait même à Mars-sur-Allier, Saint-Benin-d’Azy.

Nicolas Morel

Artisan boulanger, Le Fournil Saint Arigle

Patron du Fournil Saint-Arigle, Nicolas Morel ne s’est pas laisser abattre par la crise du Covid. Le boulanger a réinventé, avec plusieurs collègues du « quartier le plus dynamique de Nevers », les tournées pour livrer jusqu’à 150 clients par semaine pendant le confinement, tout en maintenant son magasin ouvert. Non seulement l’impact de la crise a été limité, mais l’engouement accru pour le « consommer local » éclaircit l’horizon.

Nicolas Morel

Peau tatouée, barbe fournie et verbe fleuri, Nicolas Morel semble tout droit sorti d’un épisode de Mad Max, mais gare au trompe-l’œil : le patron du Fournil Saint-Arigle tient un discours cartésien, sage et responsable. Travailler coûte que c(r)oûte, telle fut sa ligne de conduite tout au long du confinement : « Avec mon épouse Carine, on a cinq salariés, une entreprise à maintenir en vie. Et des clients qui comptent sur nous. »

Dès le bouclage général, le 17 mars, le boulanger lance l’idée d’une plateforme collective de commandes et de livraisons à domicile, avec d’autres commerces du quartier : La Baratt’abio (maraîcher), Vrac & Bio (épicerie), la Maison Caffet (pâtisserie), La Maison du fromage (…) et la Ferme des Desrues (viandes et charcuteries).

Une page Facebook, un téléphone, et l’opération Saint-Arigle à domicile démarre en trombe : « On a sélectionné les produits que la clientèle consomme le plus. On prenait les commandes par téléphone ou par mail, et on livrait le mardi et le vendredi après-midi. La demande a accroché tout de suite. » Le Garage Vincent prête des véhicules, des bénévoles arrivent en renfort : « On a eu jusqu’à 150 commandes par semaine, dont des nouveaux clients. Ça me rappelait le temps des tournées, quand on allait servir les gens jusque chez eux. On livrait jusqu’à 10 km autour de Nevers, on allait même à Mars-sur-Allier, Saint-Benin-d’Azy. On a fait un petit jeu concours de dessins d’enfants sur le consommer local. »

Pour les six partenaires, l’opération est un succès, pendant le confinement mais aussi après. « On a encore des demandes », souligne Nicolas Morel, qui envisage avec ses camarades de pérenniser les tournées, « avec un salarié partagé », histoire d’entretenir « une autre façon de faire du commerce ». Les livraisons à domicile ont eu un effet immédiat pour certains, et un effet retard pour d’autres : « Moi, ça m’a permis de limiter la baisse de mon chiffre d’affaires. J’ai des collègues qui ont pu augmenter leur chiffre d’affaires, tandis que d’autres voient l’impact positif maintenant et travaillent davantage. Par exemple, le maraîcher a plus de clients qu’avant. Cette plateforme, c’était une façon de joindre l’utile et l’agréable. »

L’esprit singulier du commerce de Saint-Arigle est un des ingrédients de cette réussite : « Notre quartier est le seul qui soit resté complètement ouvert pendant le confinement. On a montré une belle cohésion, on est le quartier le plus dynamique de Nevers, et on a prouvé qu’on était capables de réagir. » Installé là depuis 2007, Nicolas Morel a mis un point d’honneur à garder son fournil ouvert toute la journée, pendant le confinement : « Nous les boulangers, on est là pour nourrir le pays. On a perdu beaucoup de chiffre d’affaires dans les 15 premiers jours, quand les gens n’osaient plus sortir, puis c’est très vite revenu presque à la normale. Et aujourd’hui, mon chiffre d’affaires est supérieur à ce qu’il était avant le confinement. »

L’intérêt de nouveaux clients, des jeunes notamment, pendant cette crise est de bon augure pour la suite, selon le gérant du Fournil Saint-Arigle : « Je pense que les gens ont compris certaines choses, notamment sur le plan alimentaire. Ils se posent des questions sur leur avenir. On va voir de quelle façon ils vont consommer désormais. »

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