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En cette fin de printemps, l’Arrosoir a versé avec brio son flot de réflexions colorées. Pendant 5 jours, les visiteurs ont pu profiter de deux expositions d’artistes invités : Béopé et Michèle Magema, d’un espace réunissant de « beaux livres », de concerts, et bien sûr de temps d’échanges et de débats. En effet, citoyenneté et politique font  partie de l’adn de l’évènement depuis ses débuts ; tout comme la volonté de « donner à (re)voir un bâtiment endormi », et même, inciter à le faire revivre durablement pour revitaliser le centre-ville. Retour sur ces 5 jours d’effervescence.

Mise en lumière

C’est avec les yeux brillants, tout en pointant des détails architecturaux révélés par la scénographie que Guy Matchoro, – artiste/jardinier (entendre Président) en chef de l’évènement – présente le godet de cette 3é initiative. Le mythique forum / pôle art 58. En travaillant sur les lumières, en ouvrant le faux plafond, en laissant apparaître des fenêtres aveugles, les intentions architecturales de départ se sont révélées. Scénographie et artistes sont devenus les « vecteurs de la pensée pour un renouveau du lieu ». Dès l’entrée de l’ancienne librairie papeterie, le ton était donné, des arrosoirs et des néons colorés ont investi l’escalator immobile. « On colours » – la couleur- était au centre de cette édition 2018.

Ce carré est un sanctuaire où ­règnent confiance et altruisme. Dedans nous sommes tous égaux en droits et en devoirs.
Tiré du film « The Square » réalisé par Ruben Östlund – Palme d’or au Festival de Cannes 2017

Des valeurs, des couleurs

C’est en citant l’« esthétique relationnelle » que Guy Matchoro introduit l’Arrosoir 2018. L’humain, les relations humaines sont centrales, la rencontre, les rencontres. L’espace intérieur était d’ailleurs aménagé de plusieurs lieux de convivialité. Le premier, imaginé par l’artiste, figure sa note d’intention, une « œuvre – définition » inspirée du film suédois « The square » : un carré au sol, accompagné d’un pupitre sur lequel est inscrit  « Ce carré est un sanctuaire où ­règnent confiance et altruisme. Dedans nous sommes tous égaux en droits et en devoirs ». Tout est dit ! Le concept semble utopique, mais pendant quelques jours dans cette ancienne librairie papeterie, la graine a germé. Le travail de Michèle Magema est porteur lui aussi, de nombreux symboles. Pour l’Arrosoir,  il lie couleurs et valeurs, couleur de peau, des drapeaux, valeurs de liberté, de tolérance. « A chacun de trouver son chemin dans l’immensité des possibilités » glisse Guy M. La féminité, le corps, la famille, l’immigration, les racines … De « The triptych » dans lequel elle ré-interprète « Adam et Eve » de Tamara de Lempicka,  « La Vierge corrigeant l’enfant Jésus » de Max Ernst et « La liberté guidant le peuple » de Delacroix à des œuvres plus anciennes, on entre dans un univers parfois très intime avec des photos de son enfance, engagé et percutant avec sa performance « What the sea didn’t take me » qui évoque la disparition de 400 migrants lors d’une traversée de la mer Méditerranée.

Lieu artistique, lieu de rencontre

L’Arrosoir c’est aussi l’histoire d’une volonté commune : celle des commerçants de Nevers, au travers de leur groupement « Les Vitrines de Nevers » et du maire Denis Thuriot, également Président de Nevers Agglomération, de revitaliser le cœur de ville. C’est encore le mélange réussi du public, du privé, et la présence au sein d’un même espace des libraires locaux : la Maison de la presse, le Cyprès, la Fnac, les derniers nés : « Entre-deux » et « Ravisius Textor » et la médiathèque Jean-Jaurès. Lors de la séance de dédicace de son ouvrage « Nos regards mêlés », Monique Thuriot Premery, présente son travail. Là encore une réunion, celle des deux photographes, père et fille, qui donnent à voir Nevers et ses alentours au travers de leurs deux objectifs, à deux époques bien différentes.

La rencontre, c’est aussi celle des idées avec « parties de campagne », une sélection de toiles de Béopé, un vrai challenge relevé pendant la campagne 2017 des élections présidentielles. En temps réel pendant les débats, il a mis sur toile, au marqueur,  en direct, sans retouche du texte ensuite, les phrases les plus marquantes. Au-delà du travail artistique, lui  même confie avoir fait un travail d’archivage ou d’historien. Sur la vingtaine de toiles exposées, les phrases des uns et des autres se suivent, s’entremêlent, les étiquettes politiques se mélangent, les mots s’entrechoquent…

« La pensée c’est du ciel ; étirons-la ensemble en espérant que de la clarté en jaillira ! ». Pendant 5 jours, l’équipe d’organisation de l’Arrosoir a éclaboussé le Forum/ Pôle Art 58, d’une multitude de gouttelettes pour faire « battre en retraite les idées reçues ».

Vivement le prochain semis !

© Nevers Agglomération – AJ

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