Vendredi 31 août, à 20 h, dans le cadre du festival Zéro déchet à Saint-Benin-d’Azy, Tifen Ducharne interprétera Déchets et des hommes, une conférence gesticulée nourrie de son expérience de mère et de militante en lutte contre le gaspillage. Un thème de plus en plus porteur.
La naissance d’un enfant change la vie, dit l’adage. Dans le quotidien de la Savoyarde Tifen Ducharne, la grossesse a également produit un effet secondaire inattendu : une hypersensibilité aux ravages de la société de consommation. « Avant, j’avais toujours été plus ou moins écolo, j’ai grandi dans une famille sensibilisée à cette question, mais c’était un peu théorique pour moi. Lors de ma grossesse, il y a douze ans, j’ai réalisé qu’on essayait de me vendre plein d’objets dont je ne voyais pas l’utilité, qu’on voulait me créer des besoins, et qu’on me culpabilisait en jouant sur la sécurité de mon enfant. »
La jeune femme se plonge alors dans le monde des objets… et des lobbies : « Je me demandais comment éduquer mon enfant face à tout cela. Alors je me suis intéressée à la façon dont les objets sont fabriqués, la baisse de qualité avec le jetable, l’obsolescence programmée. J’ai rencontré des ONG, des chercheurs, pour avoir une vision globale. »
Dans sa commune de Yenne, Tifen Ducharne passe à l’action, crée une AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), puis une association, Fourmilienne, avec épicerie de produits locaux, jardin partagé, recyclerie. Et endosse, plus d’une vingtaine de fois par an, le costume de conférencière gesticulante pour faire partager son expérience : « J’ai fait un stage à Grenoble, et j’ai joué pour la première fois Déchets et des hommes en septembre 2014. Cela a bien fonctionné. »
Appellation intrigante, à la limite de l’oxymore, la conférence gesticulée est un concept « issu de l’éducation populaire, où l’on part de soi et de sa vie plutôt que d’un savoir théorique », précise Tifen Ducharne. Le propos, sérieux et militant, est teinté d’humour. A l’issue de sa conférence, vendredi soir à Saint-Benin-d’Azy, le public aura droit à un « accompagnement pour tendre vers le zéro déchet ». Le lendemain, à 11 h 30 et à 14 h 30, un « atelier d’accompagnement » sera proposé, sur le même thème, là encore dans une démarche d’éducation populaire qui donne à chacun les moyens de maîtriser son destin : « On voit comment créer des groupes de citoyens, comment contrebalancer le pouvoir des lobbies », explique Tifen Ducharne, par ailleurs membre de l’association Zero Waste (« zéro gaspillage » en VF) France.
A défaut d’être glamour, « la question des déchets touche les gens », assure-t-elle : « C’est même une explosion. Des recycleries, il s’en crée un peu partout, c’est un vrai mouvement citoyen. Quand nous avons monté la nôtre, les gens étaient demandeurs. On voit bien le succès des vide-greniers, des gratiferias, des repair-cafés. Ça touche toutes les classes, toutes les générations, on ne supporte plus l’idée de gâcher. » Une question de prise de conscience, de conséquence de la crise économique, aussi : « Les gens cherchent à acheter moins cher et à pouvoir revendre plutôt que jeter. »