Le vent et la pluie ont donné du relief à la première étape du Paris-Nice cyclo, soit 210 km entre Fontainebleau et Challuy. Eparpillés, rincés dans la plaine, les 180 coureurs sont entrés dans le vif d’une épreuve de 10 jours qui garde le plus rude – les Alpes – pour la fin.
Les enfants de l’accueil de loisirs saluent joyeusement chaque arrivée. Il est plus de 16 h, ce mercredi 12 juin, et les cyclos qui arrivent à bon port dans l’école de Challuy ont près de neuf heures de pédalage dans les mollets. Et filent sous le préau se ravitailler d’une boisson et d’une barre sucrée au stand tenu par le service Communication de Nevers Agglomération.
Ni ligne d’arrivée ni car podium : le Paris-Nice cyclo cultive la discrétion sur son passage, malgré ses 180 engagés, une cohorte d’accompagnateurs et l’équipe organisatrice de l’AAOC, club de Wissous (Essonne). Le peloton s’est ébroué à 7 h 30 de Fontainebleau, s’étirant tel un accordéon sans fin sur les 210 km d’une étape faussement tranquille jusqu’à Challuy, où les premiers sont arrivés vers 14 h – soit une respectable moyenne de 30 km/h. Le vent de face, des gifles de pluie et la foudroyante côte de Sancerre auront marqué les esprits sans user les organismes.
Quadras, quinquas ou plus, hommes et femmes, Français et étrangers, les cyclos de « l’autre » Paris-Nice ont le cuir tanné par les sorties : « Il faut avoir du kilométrage pour venir ici. C’est la course à étape la plus longue », expliquent en chœur Patrick Zannier et Serge Lenfant, deux membres du club de Sceaux qui ont plusieurs Paris-Nice au compteur. « L’ambiance est conviviale, la moitié des engagés sont des habitués. C’est super bien organisé, on est traité comme des pros. » La course ne compte ni classement ni prime, mais cela ne refroidit pas les plus motivés : « Les meilleurs se repèrent et ils se tirent la bourre », sourient les Franciliens.
Sous le préau, les cyclos refont l’étape entre deux gorgées. Ils reprendront le vélo, quand les ultimes coureurs seront arrivés, pour le Palais ducal, à quelques kilomètres de là , où les attend une réception offerte par la Ville de Nevers. Aussi discrète soit-elle médiatiquement, l’étape dans la Nièvre, préparée en coopération avec le service Sports de Nevers Agglomération n’est pas sans effet sur l’hôtellerie locale, qui a enregistré une centaine de nuitées.
Une nuit réparatrice, et le peloton est reparti vers Chalon-sur-Saône, via le sud du Morvan et le mont Beuvray, pic d’une deuxième étape (sur dix) qui poursuit l’échauffement avant une traversée des Alpes hérissée de cols anthologiques : « Le Grand-Colombier, l’Izoard, Vars, Bonnette », énumèrent les coureurs de Sceaux. « En tout, en dix jours, c’est 25 000 mètres de dénivelé positif. » L’épreuve de 1 500 kilomètres paraît démesurée mais elle représente, pour certains, un long mais simple galop d’entraînement en prévision d’une course « mythique » dans le monde des cyclos, la Paris-Brest-Paris, « 1 230 kilomètres » en… une étape.