Par son ampleur et par la variété des savoir-faire requis, le chantier de réhabilitation et d’extension du Café Charbon constitue une vitrine idéale pour les métiers du bâtiment, de plus en plus touchés par la pénurie de main-d’œuvre. C’est pourquoi une dizaine de jeunes de la Mission locale Nevers Sud-Nivernais ont bénéficié d’une visite guidée de ce chantier impulsé par Nevers Agglomération et dont les clauses sociales ont servi de tremplin pour vingt demandeurs d’emploi.
Classés parmi les secteurs en tension, frappés depuis longtemps par le manque de main-d’œuvre et la crise des vocations, les métiers du bâtiment s’appuient sur les chantiers emblématiques pour faire leur promotion auprès des jeunes et des adultes touchés eux aussi par une autre tension – celle du chômage.
Fin avril, à l’initiative de l’Association régionale pour l’insertion et la qualification dans le bâtiment et les travaux publics (ARIQ BTP) Bourgogne-Franche-Comté, un groupe de onze jeunes accompagnés par la Mission locale Nevers Sud-Nivernais est venu s’imprégner des multiples facettes du chantier de réhabilitation et d’extension du Café Charbon (1). Avec un guide expert, l’architecte Eric Arsenault, qui s’est livré à un plaidoyer passionné pour les savoir-faire du bâtiment et des travaux publics, et pour leurs dépositaires : « Gagner sa vie, c’est important, mais si on peut le faire en travaillant sur de beaux ouvrages comme celui-ci, c’est encore plus intéressant. »
Son coup de chapeau aux artisans s’est assorti d’un coup de pied dans la fourmilière du « moins-disant » qui parasite le secteur et met la pression sur les salaires : « Il faut que les gens arrêtent de demander le moins cher, tout le temps, parce que après c’est sur les ouvriers que cela retombe. » Salaires peu attractifs, pénibilité… L’architecte admiratif des hommes de l’art, qu’il côtoie au quotidien sur les chantiers, s’est évertué à décaper la sombre patine qui ternit l’image des métiers du bâtiment. En n’hésitant pas à comparer la vibrante ruche du Café Charbon en travaux à une véritable tour de Babel : « Vous avez toutes les nationalités sur un chantier. »
Responsable de l’antenne nivernaise de l’ARIQ BTP, Sébastien Marion espère des retombées positives de cette première action de groupe menée dans le cadre du Contrat de ville conclu avec Nevers Agglomération : « Les besoins de main-d’œuvre sont en hausse dans les entreprises car la demande augmente, que ce soit par les particuliers ou pour les marchés publics. D’où ces actions de promotion des métiers du BTP. »
Entre visite de chantier, banc d’essai avec le CFA du Bâtiment pour monter et peindre une cloison, et stage en entreprise, l’ARIQ BTP sort le grand jeu pour séduire les jeunes en mal d’orientation et les mettre sur les rails d’une formation longue ou en alternance. Avec à l’horizon la « montagne » du programme de renouvellement urbain du quartier du Banlay, qui remplira les carnets de commandes des entreprises locales ou régionales pour des années et requerra des renforts de muscle et de matière grise.
La découverte des métiers du bâtiment passe aussi par les clauses d’insertion inscrites dans les marchés publics. Nevers Agglomération y a veillé pour le chantier du Café Charbon, en demandant aux entreprises candidates de réserver des heures de travail à l’accueil de publics vulnérables : demandeurs d’emploi de longue durée, bénéficiaires de minima sociaux, jeunes de moins de 26 ans sans emploi ayant un faible niveau de qualification et femmes isolées.
Dans la Nièvre, la Fabrique Emploi et Territoires avec son guichet unique coordonne les clauses sociales, en association avec l’ARIQ BTP. Durant l’exécution de du chantier du Café Charbon, 20 personnes rencontrant des difficultés pour accéder à un emploi ont travaillé pour le compte de 12 entreprises, pour un total de 4 023 heures. Avec des résultats encourageants pour plus de la moitié d’entre elles : une a été embauchée en CDI, deux en CDD, une est en contrat de professionnalisation, deux ont bénéficié de formations et six ont effectué des missions intérimaires d’insertion.
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En présence d’Amandine Boujlilat, adjointe au maire de Nevers déléguée à la proximité, à la relation citoyenne et à la cohésion sociale, 1ère vice-présidente de Nevers Agglomération à la politique de la Ville, à la citoyenneté, à la cohésion et à la justice sociales, à la rénovation urbaine et à la qualité de l’habitat, à l’hébergement et à l’accès au logement ; de Bertrand Courier, adjoint au maire de Nevers délégué aux mobilités, au stationnement et à l’économie sociale et solidaire ; de Denis Angilbert, directeur des Sports et de la Culture de Nevers Agglomération.