Lundi 18 et mardi 19 juin, l’Institut supérieur de l’automobile et des transports (ISAT) de Nevers accueille le deuxième colloque international Futurmob’18, sur le thème de la transition vers la mobilité autonome et durable. L’événement est organisé par le laboratoire DRIVE, dans lequel une trentaine d’enseignants chercheurs de l’ISAT imagine les véhicules de demain.
Pour beaucoup, Drive était une chanson de REM (1992) ou un film de Nicolas Winding Refn (2011) avant d’être l’expression d’une nouvelle façon de faire ses courses au supermarché sans y entrer. Pour le monde plus restreint des spécialistes des transports et de leur avenir, DRIVE est l’acronyme du Département de recherches en ingénierie des véhicules pour l’environnement, créé et hébergé par l’Institut supérieur de l’automobile et des transports (ISAT) de Nevers.
Lundi 18 et mardi 19 juin, le laboratoire organise Futurmob’18, le deuxième colloque international consacré à la mobilité autonome et durable, dans les villes et surtout en environnement durable. Le véhicule autonome et intelligent est une des quatre compétences creusées par le laboratoire neversois, avec les structures composites, l’acoustique et les vibrations, l’énergie et la propulsion. Il s’est invité dans l’habitacle de l’ISAT et du DRIVE sous l’impulsion du professeur Sidi Mohamed Senouci, arrivé dans l’école d’ingénieurs en 2010, et désormais directeur du DRIVE.
« Le laboratoire est né avec l’ISAT et il a évolué avec lui. Au début, les travaux portaient sur la mécanique et l’acoustique, puis la partie énergétique s’est ajoutée, et enfin le véhicule autonome et intelligent », explique Sidi Mohamed Senouci, qui orchestre les recherches d’une trentaine d’enseignants chercheurs : « Le laboratoire alimente la formation de l’école. Grâce à lui, les étudiants de quatrième et cinquième années sont au courant des nouvelles technologies. »
DRIVE ne souffre pas trop de son isolement universitaire et économique, assure le directeur : « Nous ne sommes pas Paris, nous n’avons pas de gros industriels à proximité avec lesquels nous pouvons travailler, mais nous sommes reconnus au niveau de la Bourgogne-Franche-Comté, ce qui nous permet d’avoir des possibilités de financement. Nous répondons à des appels à projet européens, avec Renault ou les industriels de Magny-Cours. Les recherches sont orientées sur des besoins appliqués. Par exemple, nous avons un contrat avec Renault pour l’élaboration de feux tricolores intelligents. »
Dans le champ des recherches sur les véhicules autonomes, le laboratoire de l’ISAT fait référence sur le thème des services et de la sécurité : « Un véhicule autonome est un véhicule connecté, donc vulnérable aux cyber-attaques », souligne Sidi Mohamed Senouci. « Nous développons aussi des services comme la planification des itinéraires ou la détection de somnolence. » Des étudiants de quatrième et cinquième années sont associés aux modules de recherche : « Nous instrumentons avec eux deux véhicules que nous rendons autonomes. » (voir photo ISAT/ A. Chezière)
La circulation des véhicules totalement autonomes, à Nevers et partout ailleurs, suscite impatience et méfiance : « L’acceptabilité est un aspect important. Un sondage montre que les Français sont d’accord pour des transports publics autonomes, mais pas pour leur véhicule personnel. Il y a une peur du robot, et celle de la perte du plaisir de conduire. » Si la technologie avance, Sidi Mohamed Senouci voit un frein essentiel au déploiement des véhicules autonomes : « Cela demande beaucoup d’investissements pour avoir des infrastructures adaptées. Un véhicule autonome a des yeux, mais pour qu’ils soient efficaces il faut que la chaussée et le traçage soient bons. »
Le colloque Futurmob’18 fera le point sur l’avancée des recherches et sur les obstacles qu’elles rencontrent. 80 spécialistes (scientifiques, chercheurs, industriels et doctorants) sont attendus sur les deux jours ; lundi en soirée, les congressistes ont dîné au musée de la Faïence et des Beaux-arts Frédéric-Blandin, en présence de Denis Thuriot, président de Nevers Agglomération et maire de Nevers, particulièrement attentif aux progrès et aux potentialités du véhicule autonome.
La première édition du colloque, Futurmob’17, avait été organisée par l’Université technologique Belfort-Montbéliard, avec laquelle DRIVE mène un projet sur la livraison autonome de colis. D’est en ouest de la Bourgogne-Franche-Comté, le colloque est un lieu de rencontres et d’échanges entre des cerveaux qui communiquent souvent à distance : « Une des premières actions de Futurmob’, c’est de mieux se connaître. »