Nat & Eco a ouvert deux semaines avant le confinement, place Mancini à Nevers. Il en fallait plus pour décourager sa créatrice, Emilie Curmi, qui fait vivre sa boutique éthique comme elle l’a rêvée : un lieu de découverte – des producteurs locaux, notamment –, de sensibilisation et de rencontre, dont la vocation commerciale n’occulte pas l’âme environnementale.
Son ascenseur émotionnel a tourné au rythme frénétique d’un grand huit pendant quelques semaines. Le 3 mars, Emilie Curmi levait le rideau de Nat & Eco, sa boutique éthique aménagée place Mancini, dans les 80 m2 déjà bien remplis d’une ancienne supérette. Le 16, la jeune femme était contrainte de le baisser précipitamment, et pour une durée indéterminée, comme la plupart de ses collègues : « Ce jour-là, les larmes sont montées. J’étais tellement impatiente de lancer la boutique, et les quinze premiers jours s’étaient vraiment bien passés », expliquait-elle en juin, après quelques semaines d’un déconfinement reparti sur de bonnes bases.Pendant les deux mois de fermeture, Emilie Curmi n’a pas pris le temps de gamberger : « J’ai continué à me faire connaître, à communiquer via les réseaux, et à actualiser mon site. Et puis surtout je me suis mise à la fabrication de masques en tissu. La demande était forte, j’en ai fait plus de 800. Du coup, je n’ai pas vu les deux mois passer. Le jour de la réouverture, j’avais peur, je me demandais si les clients allaient venir. Mais la reprise a été hyper-positive. »
La crise sanitaire a semble-t-il contribué à « éveiller les consciences » et à faire souffler un peu plus fort l’air du temps sur son concept de vente de produits fabriqués « dans le respect de l’environnement et des hommes ». Un concept longuement mûri, né dans les allées de la grande distribution où Emilie Curmi a travaillé pendant plusieurs années : « Le gaspillage que je voyais m’a fait prendre conscience. J’ai eu envie de contribuer au développement durable, à l’économie circulaire », expliquait-elle au printemps 2019 avant de participer à la Journée D’REVE de Nevers Agglomération (voir article) avec son association Les Bouchons en liège se recyclent, créée un an plus tôt.
La jeune Challuysienne évoquait déjà son projet de boutique éthique en centre-ville de Nevers. Un premier point de chute, rue Saint-Etienne, est envisagé puis écarté : « Le local n’était pas aux normes, il y avait trop de travaux. J’en ai visité d’autres, et j’ai choisi celui-ci car les 80 m2 me permettent d’avoir assez de place pour la boutique et pour les ateliers. » Nat & Eco n’est pas un « simple » lieu de vente ; sa créatrice le voit comme un « lieu de vie où l’on peut échanger, communiquer », participer à des ateliers dédiés au bien-être – sophrologie, yoga assis, graines germées, etc. : « J’aimerais en organiser un par semaine. ».
Côté boutique, Emilie Curmi s’attache à promouvoir les producteurs locaux, de plus en plus nombreux dans le domaine du développement durable et du zéro gaspillage. Bijoux en bois ou en céramique, fabrications en osier, vêtements en mohair, savons du Château de Thard (Onlay) ont été les premiers d’une liste qui ne cesse de s’enrichir et s’ajoute aux créations maison, comme les « bougies de Challuy » ou les poufs en coton remplis de bouchons de liège broyés.
La clientèle, très majoritairement féminine, couvre toute la pyramide des âges : « Je vois aussi bien des convaincus du développement durable que des gens qui ont commencé par faire attention à leur alimentation et s’ouvrent sur d’autres domaines, comme les produits d’hygiène, les cosmétiques, les vêtements. C’est une évolution à petites touches, mais si tout le monde faisait ainsi, ce serait déjà intéressant. »