Elles ne seront pas plus hautes mais elles seront plus sûres. Les digues rive gauche qui protègent le val de Nevers contre les crues de la Loire vont bénéficier d’importants travaux de réhabilitation, d’ici 2022. Leur nature et leur rythme ont été détaillés à Challuy lors d’une réunion publique organisée par les services de l’État en partenariat avec Nevers Agglomération.
Les crues les plus furieuses de la Loire remontent au milieu du XIXe siècle, avec l’effarante trilogie 1846 -1856-1866 de phénomènes cinq-centennaux (qui ont une chance sur 500 de se produire dans l’année). Mais les habitants de Nevers, Challuy et Sermoise ont gardé en tête l’inquiétante capacité du fleuve à s’épancher loin de son lit. Les débordements de 2003 et 2008 ont nourri une culture du risque toujours vive, à en juger l’affluence pour la réunion publique organisée fin septembre dans la salle des fêtes de Challuy.
Sujet du soir, le renforcement des digues est la clef de voûte de la Stratégie locale de gestion du risque inondation (SLGRI) du territoire de Nevers, rédigée à quatre mains par l’État et Nevers Agglomération. Face à une cinquantaine de personnes, les représentants de l’Etat et de l’Agglomération (1) ont détaillé le programme des travaux qui seront menés sur la rive gauche, où les ouvrages de protection sont les plus fragiles (2) ; 12 M€ sont consacrés à leur mise en sécurité, soit la moitié du Programme d’actions de prévention des inondations (PAPI) validé en 2017 et qui s’élève à 23 M€.
Les engins s’attaqueront d’ici la fin de l’année aux vestiaires de l’ancienne piscine de la Jonction, qui avaient été construits dans le flanc de la digue ; à leur place seront installés des gabions – des casiers métalliques remplis de gros galets – étagés en gradins. En 2019, les levées du canal de la Jonction, de la Blanchisserie et de la Bonne-Dame (en aval du pont de Loire) auront droit à un traitement similaire : suppression des arbres (dont les racines créent des couloirs par lesquels l’eau peut se glisser), pose d’une paroi étanche et/ou d’un massif drainant côté val protégé.
Rehaussées au XIXe siècle, suite aux brèches provoquées par les crues historiques, les digues n’auront pas besoin d’être surélevées. En revanche, les travaux relèveront fortement leur niveau de sûreté, qui passera d’une crue cinquantennale à une crue deux-centennale. Pour autant, le risque zéro n’existe pas et les crues plus importantes restent probables. Des ouvrages spécifiques, tels que les déversoirs, pourront être aménagés pour gérer les surverses et éviter les brèches en cas d’événements majeurs.
Le renforcement des digues a pour effet d’éviter une rupture « meurtrière », la violence du flot étant sans commune mesure avec une inondation progressive. La seconde phase de travaux, de 2020 à 2022, portera sur la levée de Sermoise, qui longe en partie la route de Sermoise (D13). La suppression des arbres pourra être complétée par la création d’une zone de surverse, une « échancrure » abaissant la digue sur une longueur d’environ 270 mètres pour laisser passer les eaux, mais uniquement en cas de crue excédant une ampleur cent-septentennale – qui a une chance sur 170 de se produire dans une année. Sur ce type d’occurrence, le val de Nevers-Challuy-Sermoise sera inéluctablement inondé par les remontées de nappes et par le phénomène de remous qui verra l’eau remonter à travers le remblai de la ligne ferroviaire Paris Clermont-Ferrand.
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Stéphane Costaglioli, secrétaire général de la préfecture ; Bernard Croguennec et Matthieu Menou, direction départementale des Territoires de la Nièvre (DDT) ; Isabelle Bonnicel, vice-présidente de Nevers Agglomération ; Hubert Fallet et Éric Bastaroli, direction de l’Environnement de Nevers Agglomération. Fabrice Berger, maire de Challuy, était également présent, ainsi que Vincent Jouve et Nicolas Sicart, représentant les bureaux d’études Safège et BRL Ingénierie.
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Rive droite, les digues ont déjà fait l’objet de reprises, mais 3,7 M€ HT de travaux sont prévus entre 2019 et 2022 pour gommer les points de fragilité et gérer la question de la surverse. Une réunion publique sera organisée pour en détailler le programme.