C’est un voyage chargé d’émotions qui a mené la ministre de la Culture Roselyne Bachelot à Nevers et à Saincaize-Meauce, jeudi 17 décembre. Inauguration du parvis Marcel-Narquin (son oncle et modèle) à La Maison, visite de la cathédrale et du château de Meauce massivement subventionnés par le plan de relance : le court séjour en terre natale n’a pas fait abstraction de l’angoisse, face à l’interminable huis clos, d’un monde culturel auquel la ministre a renouvelé son attachement déterminé.
Un parvis avec vue sur la Loire et sur l’espoir. L’inauguration du parvis de La Maison, jeudi 17 décembre, était forte d’un sens particulier, à quelques pas d’un fleuve gonflé par les dernières pluies d’automne, pour un monde culturel à l’étiage depuis la fermeture sine die des cinémas, théâtres et autres foyers du spectacle vivant.
Quelques représentants discrets du foisonnement artistique nivernais ont fait le déplacement, sous un incongru ciel bleu rehaussant la pâleur des 1 500 m2 de dalles en céramique italienne, pour la venue de « leur » ministre, Roselyne Bachelot, de retour dans sa Nièvre natale pour dévoiler la plaque associant pour toujours au parvis le nom de Marcel Narquin, son oncle décédé le 1er septembre, gaulliste fervent et adjoint au maire de Nevers de 1959 à 1971.
Une inauguration pudique et publique, entourée de membres de sa famille et d’une cohorte d’officiels, qui a touché la ministre, sensible à l’hommage de l’agglomération neversoise (1) et de son président, Denis Thuriot, maire de Nevers : « Marcel Narquin était un homme d’engagement, qui a manifesté un attachement et une fidélité sans faille à ses idées. Lorsque j’ai préparé les élections municipales de 2014, je l’ai rencontré tous les samedis. Les Neversois ne le savent pas forcément, mais un certain nombre des projets qui ont vu le jour ces dernières années sont la résultante des idées de Marcel Narquin. »
Installée dans le bureau d’André Malraux, son mythique prédécesseur à l’origine des Maisons de la culture, Roselyne Bachelot a rappelé que celles-ci étaient « les emblèmes de la politique culturelle gaulliste unique au monde », dont le maître mot était de « transformer un privilège en bien commun ». A défaut de pouvoir visiter La Maison et en observer la rénovation, la ministre a salué sa vocation : « Elle a été conçue comme un lieu de rencontre et de confrontation entre les artistes et le public, entre les hommes. »
Depuis fin octobre, la deuxième vague pandémique a vidé La Maison, comme tous les lieux culturels, de sa mission et de ses publics. Un crève-cœur pour Roselyne Bachelot : « Je souhaite vivement que La Maison puisse retrouver au plus vite la vie à laquelle elle est accoutumée. La situation exige que chacun fasse preuve de responsabilité. Mais c’est ensemble, en faisant bloc, que nous pourrons faire face. » Et de confier, un peu plus tard, que des hypothèses sont sur le métier pour accélérer la réouverture : « Nous sommes en train de bâtir avec les acteurs culturels des modèles de fonctionnement résilient. »
La ministre a également mentionné les « 7,4 milliards » du versant culturel du « quoi qu’il en coûte ». Dont un plan de relance qui se traduit notamment par un fort soutien au patrimoine. Après le parvis flambant neuf, le convoi officiel a rallié deux édifices nivernais bénéficiant de cette aide : la cathédrale de Nevers, destinataire de 3,4 M€ dédiés à la réhabilitation des chapelles latérales et du chœur gothique ainsi qu’à l’aménagement de deux espaces muséaux, puis le château de Meauce, joyau architectural posé tel un nid au bord de l’Allier à Saincaize-Meauce et patiemment rénové depuis trois ans et demi par ses propriétaires, Séverine et Cédric Mignon, qui recevront une subvention de 1 M€ pour poursuivre leur chantier passionné et sauver de la ruine deux impressionnants communs, le pigeonnier et la grange Mansart.
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Propriétaire de La Maison, Nevers Agglomération a initié la construction du parvis Marcel-Narquin (conçu par l’architecte Pascal Mallard comme un lieu de rencontre et de mémoire, celle de la rivière Nièvre et du défunt quartier des Pâtis), dans le cadre d’une vaste campagne de travaux de rénovation énergétique, environnementale et esthétique d’un « paquebot » construit dans les années 60. Coût total : 2 M€ pour le parvis, 4,5 M€ pour La Maison et sa siamoise, la Maison des sports.