Samedi 27 février, le boxeur professionnel neversois Sofiane Khati montera sur le ring à Berlin face à l’Allemand Vincenzo Galtieri. En point de mire, à l’issue des douze rounds, ou avant : la ceinture de champion européen IBO. Une « fenêtre » inattendue et inespérée pour l’élève de Tarek Khaidouri, qui s’est préparé comme jamais dans la salle de l’Académie de boxe citoyenne de Nevers.
Classé 5e boxeur français dans la catégorie des moyens (- 72,5 kg), Sofiane Khati sera peut-être sur le toit de l’Europe, samedi 27 février, à Berlin, au terme du combat qui l’opposera à l’Allemand Vincenzo Galtieri. Pour le boxeur de 28 ans, qui totalise dix victoires (dont trois KO) en autant d’affrontements chez les professionnels, le rendez-vous est une première à plusieurs titres : premier combat à l’étranger, premier « 12 rounds », première chance européenne, surtout.
Tranquillement assis sur une chaise de l’Académie de boxe citoyenne, juste avant de démarrer son entraînement, le Neversois canalise son impatience : « Je suis pressé d’être sur le ring, de boxer » sourit-il derrière son masque. Il prendra la route pour Berlin jeudi 25, avec son entraîneur Tarek Khaidouri : « On n’a rien à perdre, on y va en outsider. Sofiane est 148e mondial, son adversaire 82e. Il peut faire un coup là -bas, se faire remarquer au niveau international. »
Quand ils ont été approchés pour le combat, les deux Neversois n’ont pas hésité : « Vu le contexte, Sofiane n’a pas boxé en 2020. Son dernier combat, c’était en décembre 2019 à Tours. Les propositions ne courent pas les rues, il faut les saisir. » Ces dernières semaines, les cadences se sont musclées pour préparer le corps de l’athlète au défi qui l’attend : « Jusqu’à présent, je n’ai fait que des combats de six rounds. Là , on passe à douze. C’est 36 minutes, à un contre un… Je ne me suis jamais autant entraîné de ma vie. C’est intense, c’est tous les jours. »
Sofiane Khati met aussi les bouchées doubles pour combler le fossé qui sépare la vie d’un boxeur pro allemand et celle d’un français : « Là -bas, il y a un vrai statut pour le boxeur professionnel. Son adversaire est entouré d’une équipe, il ne travaille pas », souligne son entraîneur. Le Neversois, lui, ne fait pas partie des pros qui vivent du noble art : « J’ai une formation de moniteur éducateur, et je travaille au sein de l’association Interstice. »
A ses doubles journées de salarié et d’athlète en préparation intensive, Sofiane Khati doit ajouter la course aux sparring-partners, introuvables à Nevers : « On est obligés de jongler, aller à Gien, Vierzon, Dijon, Paris », énumère Tarek Khaidouri. Son élève s’en accommode sans broncher, lui qui a exaucé son rêve d’enfant, suivre les traces de son père, Mustapha Khati, ancien boxeur et premier entraîneur : « J’avais vu tout un tas d’articles sur lui, ça m’a donné envie. J’ai commencé à 12 ans. Ma mère ne voulait pas, elle avait peur pour moi. » Seize ans plus tard, l’angoisse maternelle ne s’est pas dissipée : « Quand elle voit des images de mes combats, elle se cache les yeux. »
Loin de surjouer l’itinéraire d’un enfant surdoué, Sofiane Khati confesse des débuts difficiles : « La première année, j’étais nul. J’en prenais plein la tête », rigole-t-il. Ses années de boxe éducative sont néanmoins probantes, jusqu’au niveau interrégional, avant une carrière plus que correcte chez les amateurs – six défaites pour une trentaine de combats. Pour progresser, il n’a pas hésité à s’exiler pendant deux ans en région parisienne, aux Mureaux, dans le meilleur club français : « Il y avait davantage d’adversité qu’ici, ça m’a fait décoller, j’ai même fait un championnat de France. » Il a toutefois fait le choix de rentrer au bercail : « Je suis né à Nevers, j’ai grandi rue de la Cathédrale, j’ai vécu dans tous les quartiers. C’est ici que je voulais vivre. »
Passé pro à 26 ans, Sofiane Khati cultive ses qualités, « la vitesse et le courage » selon Tarek Khaidouri, et un crochet du gauche ravageur : « C’est ma grenade », dit-il fièrement. Quelle que soit l’issue du combat berlinois, il continuera à « gravir les échelons au niveau national ». Pour accomplir un autre rêve, celui de son entraîneur : « Faire un championnat de France à Nevers, à la Maison des sports, ou mieux encore, sur l’esplanade du Palais ducal. »