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ARTS

SEVERINE PERRIER MET LA FASCINATION EN BOÃŽTE

Elle a illustré la nouvelle édition du recueil Contes et légendes au jardin, qui rassemble les textes lauréats du concours d’écriture organisé chaque année par Nevers Agglomération. Nous avons rencontré cette illustratrice qui colle papier, motifs, couleurs et cultures, à l’image de sa vie de curieuse voyageuse, et sa maison de Gipy, véritable musée de fragments de vies.

Originaire du Sud de la France, Séverine Perrier arrive à Nevers à l’âge de 8 ans, avec une mère nivernaise et un père portugais. Scolarisée au lycée Alain-Colas, elle est partagée entre les langues et les pratiques artistiques, et s’orientera finalement vers le tourisme… du moins dans un premier temps. Car quel artiste a réellement pu abandonner ses premières velléités ? Pas Séverine en tout cas. Elle décide de bifurquer aux Beaux-arts de Nîmes, une école plutôt orientée vers la sculpture. Le volume qui caractérise son travail était déjà là, et de la matière métal au papier, il n’y avait qu’une envie. Séverine commence déjà à déchirer, assembler, monter en volume et s’amuse avec le photo montage. Elle fera ensuite une formation de peintre décorateur à Paris, dont le cursus pédagogique la mènera jusqu’en Turquie. Ce pays lui ouvrira certainement les portes de nouveaux motifs et de prochains voyages…

Revenue à Nevers « sans s’en rendre compte », elle y développera ses premières relations artistiques. Sa rencontre avec Pascale Massicot, fondatrice de l’atelier Artissimome à l’Ecole de Loire, lui permettra, d’une part, de renouer avec une pratique artistique, d’autre part de réaliser à quel point elle s’épanouie dans l’animation d’ateliers pour enfants. Mais la bougeotte revient vite et Séverine Perrier s’envole pour l’Inde avec son compagnon et un bébé tout neuf. S’en suivront de plus ou moins longs périples au Népal, en Indonésie, au Sri Lanka, pendant quelques années.

Bougeotte inverse, et l’artiste retourne dans la Nièvre avec sa famille, et les reliefs, les couleurs et les motifs de l’Orient dans la tête et dans les cartons à dessin. Sa banque d’images s’étoffe et elle a désormais de quoi complètement transformer les visuels qu’elle trouve dans les livres ou sur Internet, de quoi brouiller les cultures et proposer un folklore qui ne ressemble plus qu’à elle-même.

Séverine Perrier produira quelques projets éditoriaux, notamment avec les éditions Motus ou Kilowatt, jusqu’au dernier titre en date édité par Nevers Agglomération et les éditions du Chemin de Fer. Comme à chaque édition, l’artiste en charge du recueil est ensuite accueilli dans les écoles lauréates pour présenter son métier. Séverine, habituée de l’exercice, a proposé un atelier aux enfants. « Le collage leur semblait très naturel, alors que pour beaucoup, cette technique, c’est du vol. »  Un écueil auquel elle fait parfois face, alors qu’elle prend bien garde à ne choisir que des images libres de droits du fait de leur ancienneté, ou bien à tellement les modifier que l’identification est impossible.

Avant l’étape du collage numérique, elle passe par des carnets où elle crayonne ses idées de « boîtes », qui accueillent la plupart de ses visions, pour se projeter. Pour elle, le dessin est davantage la promesse de quelque chose qu’un moyen de représenter. On le comprend en observant ses fascinantes boîtes : impossible de les imaginer venir à la vie autrement qu’avec des mains qui cherchent, qui testent, qui juxtaposent les éléments déjà en trois dimensions. Les images ne le restent que le temps de l’impression et sont ensuite vite dédiées au service de la boîte et des éléments qui vont l’agrémenter. Ajouts de couleurs au crayon, d’autres morceaux d’images collés, voire brodées… les boîtes deviennent de merveilleux (plus ou moins) petits autels d’idoles inconnues, à peine reconnaissables.

« Je suis une grande consommatrice d’images, j’ai évidemment plein d’images religieuses achetées en Inde, l’iconographie indienne m’attire énormément. » Ces images sont le point de départ de la composition numérique qui suivra, et se retrouvera la plupart du temps dans les boîtes en tout genre que Séverine chine partout. Petite valise coupée en deux, boîte en métal, ou même assemblage d’éléments pour créer la boîte, on devine évidemment son goût pour les brocantes, pour trouver supports, matières et livres d’images. Vous avez à un bel indice de l’ambiance qui se dégage de sa maison-atelier, où les piles de trouvailles attendent leur tour et donnent clairement envie de fouiller. « Je ne travaille pas souvent dans la continuité, j’hésite beaucoup. Mes pièces sont compliquées à mettre en marche, ne serait-ce que techniquement, alors il y a souvent plusieurs travaux en cours. » Vous pouvez ajouter ces objets non identifiés en cours de création à la taverne de l’artiste.

Si ces lignes vous intriguent, Séverine Perrier aura rempli sa mission artistique, car ce qu’elle aime avec ses boîtes, c’est créer de la fascination. Il faut s’en approcher, les scruter sous toutes les coutures, déceler les influences folkloriques, populaires, comprendre que les poupées russes, les fleurs tziganes, les crânes mexicains, les vieux livres de botaniques européens, et les monstres yokaï japonais se cachent dans les êtres hybrides que Séverine Perrier a capturé dans ses boîtes magiques. Vous pourrez le faire en novembre lors de sa prochaine exposition au Centre culturel Gérard-Philippe de Varennes-Vauzelles.

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