Les élèves du bac pro Métiers de la mode du lycée Jean-Rostand (Nevers) ont réussi une performance XXL au concours des Meilleurs apprentis de France 2021. Six d’entre eux ont remporté la médaille d’or nationale, et donné un écho sans précédent à une formation pointue et méconnue qui bénéficie du retour en grâce du textile « made in France ».
Les chemises en popeline sont revenues un peu froissées de Paris mais il en faudrait davantage pour friper le sourire des élèves de Terminale bac pro Métiers de la mode du lycée Jean-Rostand. Distribuées par leur professeur d’atelier mode Linda Ballereau, leurs œuvres ont bluffé le jury parisien du concours des Meilleurs apprentis de France. Six d’entre elles ont été couronnées de la médaille d’or, une performance exceptionnelle que n’imaginaient ni les élèves ni les professeurs, après un inespéré dix sur dix lors de l’épreuve régionale, en juin : « On avait été choqués quand on avait vu nos résultats au concours régional. On était assez optimistes pour le national. »
Mais pas au point d’imaginer un tel carton plein. Les six médailles d’or sont en effet sans précédent dans l’histoire de la section : « En 2018, pour notre première participation au concours des Meilleurs apprentis de France (MAF), nous avions eu une médaille de bronze régionale », se souvient Linda Ballereau. La fierté de l’exploit individuel se double du retentissement collectif à Paris : « Personne ne connaissait notre lycée », souffle une jeune fille. L’oubli est désormais ravaudé.
« En mars prochain, la remise des médailles aura lieu au théâtre du Châtelet », annonce leur professeur. « C’est où ? » « Paris. » Silence rêveur. Délicates, les lauréates réfrènent tout triomphalisme par égard pour leurs camarades restés au pied du podium national. L’épreuve a été vécue ensemble par les neuf filles et le seul garçon de la classe de 1ère, l’an passé, même si chacun a exécuté seul sa commande, une chemise de la maison Jacquemus, dont la genèse a été consignée en textes et images dans un journal de bord aussi ouvragé qu’un bibelot, également évalué par les jurés.
Tandis que Linda Ballereau souligne « la motivation de groupe », une élève confie la complexité du travail, une quarantaine d’heures pour sublimer le tissu et le fil livrés dans un carton avec le patron et le dossier technique : « On en a pleuré, parfois. C’était très intense. » Que la médaille soit nationale ou régionale, son or rehaussera le CV des lycéens, invités à regarder au-delà du bac en juin prochain : « J’espère que tout le monde va être motivé pour Parcoursup et pour valoriser cette médaille », insiste l’enseignante. BTS Métiers de la mode à Dijon ou Bourges, BTS Maroquinerie, Formation complémentaire d’initiative locale à Chalon-sur-Saône, diplôme de métiers d’art : les pistes post-bac sont ouvertes. « On les incite à aller en BTS pour avoir un meilleur salaire », explique Linda Ballereau. « Avec un bac pro, on débute un peu au-dessus du smic. »
Quel que soit le niveau de diplôme, l’entrée dans le monde du travail (déjà préparée par 22 semaines de formation en milieu professionnel en trois ans de bac pro) s’annonce sans accroc : « La formation est porteuse. Avec la relocalisation de la fabrication textile, on manque de main-d’œuvre. » Les entreprises locales, comme Eurosit, le Technicentre SNCF ou les Meubles Despont, déroulent le tapis rouge pour les « techniciens du vêtement » qui sortent de Jean-Rostand.
Les lauréats
Médaille d’or nationale. Tuqa Almohammad, Ambre Barrault, Jade Desphilippon, Meggie Gomis, Jeanne Lemoine, Morgane Sanchez.
Médaille d’or régionale. Tom Colombat, Alizée Legrand, Louana Rameau, Léa Truchot.